Pourquoi des douleurs chroniques se mettent en place suite à un traumatisme ? Quel est le rôle l’ostéopathie face à ce phénomène ?

Lorsqu'un traumatisme (physique, chirurgical, infectieux ou même psychologique) survient, la douleur aiguë est normale : elle signale une lésion et permet de protéger la zone touchée. Mais parfois, au lieu de disparaître avec la guérison, la douleur devient chronique. Cela s'explique par plusieurs mécanismes qui s'additionnent :

Comme expliqué plus haut, plusieurs mécanismes contribuent à la chronicisation :

1. Sensibilisation périphérique : les nerfs autour de la zone traumatisée deviennent hyper-excitables  => douleur déclenchée facilement.
2. Sensibilisation centrale : la moelle épinière et le cerveau apprennent à amplifier et maintenir le signal douloureux => "mémoire de la douleur".
3. Inflammation persistante : certaines molécules (cytokines, prostaglandines) entretiennent l'hypersensibilité.
4. Altération des contrôles inhibiteurs : le cerveau ne parvient plus à "freiner" la douleur efficacement.
5. Facteurs psychologiques : anxiété, stress, peur du mouvement (kinésiophobie), troubles du sommeil => ils entretiennent la douleur et diminuent les capacités d'adaptation.
6. Facteurs mécaniques secondaires : après un traumatisme, le corps adopte des compensations (postures de protection, raideurs, déséquilibres musculaires) qui, à long terme, entretiennent tensions et douleurs.

L'ostéopathie n'agit pas directement sur la sensibilisation centrale (qui est neurologique), mais elle peut jouer un rôle indirect et complémentaire :

1. Action sur les restrictions mécaniques :

• Libération des tensions articulaires, musculaires, fasciales qui entretiennent la douleur locale.
• Amélioration de la mobilité => diminue les contraintes répétées qui stimulent les nerfs.

2. Action sur la circulation et l'inflammation : les techniques douces favorisent la vascularisation et le drainage => meilleure évacuation des médiateurs inflammatoires.

3. Stimulation neuromécanique : les manipulations activent des récepteurs cutanés et articulaires => cela peut moduler la perception douloureuse via le système nerveux (effet "gate control").

4. Effet sur le système nerveux autonome : certaines approchent ostéopathiques peuvent réduire l'hyperactivité sympathique liée au stress => ce qui diminue la tension musculaire et la vigilance douloureuse

5. Dimension psycho-émotionnelle :

• Le temps d'écoute et de toucher manuel rassure, apaise et réduit l'anxiété.
• Cela agit indirectement sur la douleur en calmant le système nerveux central.

La douleur chronique après un traumatisme n'est un simplement le signe que "la blessure n'a pas guéri" : c'est un remaniement du système nerveux et de ses contrôles, souvent renforcé par l'inflammation et le contexte psychologique. Le traumatisme crée une hypersensibilisation nerveuse, des compensations mécaniques et parfois une inflammation persistante. L'ostéopathie intervient sur la partie mécanique, circulatoire et neurovégétative, et contribue à redonner au système nerveux des signaux "normaux". Ce n'est pas un traitement "miracle" de la douleur chronique, mais un levier parmi d'autres (activité physique, kinésithérapie, suivi médical, thérapie cognitive, hygiène de vie).